Plusieurs auteurs précisent que « la manifestation clinique la plus désastreuse » pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou autres affections connexes est sûrement « la perte progressive de la capacité de compréhension et d’expression ». Au début de la maladie, la personne atteinte reflète une détérioration de la capacité d’emmagasiner de la mémoire sémantique. Elle a de la difficulté à nommer des concepts parce qu’elle oublie la description tout entière de la signification  des objets perçus. Il y a une détérioration de la capacité à nommer un objet ou une image, à établir une liste de mots, toutefois la capacité d’évocation lexicale est généralement plus atteinte aux premiers stades de la maladie que la capacité à nommer un objet ou une image. Il en résulte l’impression de vide au niveau du discours et en même temps un discours farci de détours.

À un stade plus avancé, nous avons de la difficulté à engager une conversation avec la personne atteinte car elle présente un déficit au niveau de la pensée pragmatique, c’est à dire qu’elle perd toute capacité à s’engager dans une conversation sensée, à prendre la parole à son tour et comprendre l’essentiel d’une conversation soutenue et complexe.  Il apparaît une déficience langagière caractérisée par des difficultés de compréhension et la présence d’erreurs évidentes lorsqu’elle paraphrase un énoncé spontané.

À un stade encore plus avancé, ces erreurs deviennent du jargon à peine reconnaissable et les difficultés langagières sont caractérisées par des troubles de l’articulation (dysarthrie), la répétition des mêmes mots (écholalie), la tendance à répéter le même mouvement ou les mêmes paroles (stéréotypie) ou la répétition involontaire d’un mot ou d’une phrase prononcée par elle (palilalie). Enfin, au stade le plus avancé , on retrouve une pauvreté au niveau du vocabulaire et du discours, à peine quelques mots disponibles et un incapacité de comprendre un langage peu complexe.

La communication avec la personne atteinte pose alors tout un défi  pour la famille et l’entourage car l’objectif est de faciliter l’accessibilité ou la disponibilité de l’information (vocabulaire) pour que la personne puisse communiquer aisément, comprendre et se faire comprendre. Nous verrons dans une prochaine chronique les conditions sine qua non à la communication, des suggestions pour aborder la personne atteinte, décoder  les messages et offrir des moyens de communication.

 

Hebdo du St-Maurice, 18 septembre2004